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Les perceptions de l’inconscient, voilà ce que Tian-baï affecte, avec une facilité prouvant sa longue étude de la question. Imaginez que vous êtes en train d’essayer de garder l’équilibre au bord d’une falaise et qu’à cet instant, quelqu’un apparaît flottant dans le vide, uniquement animé de l’envie de vous faire tomber vers une mort certaine. Et ce n’est qu’au moment de l’impact avec le sol que vous reprenez vos esprits, poussée jusqu’aux limites de la folie, désespérément seule face au rire qui assaille vos sens.

Ce n’est qu’une illusion. Elle ne peut vous faire aucun mal. Dites-le à Tian-baï pour le défier, et écoutez-le répondre que la réalité n’est autre que la plus persistante des illusions, puis sentez vos certitudes voler en éclats, jusqu’à ce que vos nerfs à vif soient lacérés par la plus vive des révélations.

Ce n’est qu’une illusion.

“Ils étaient environ soixante-dix, une horde sauvage constituée d’hommes originaires de nombreuses nations: Kothiens, Zamoréens, Brytuniens, Corinthiens, Shémites. Leurs traits trahissaient leur nature de prédateurs. Leurs chairs portaient encore la marque des coups de fouets ou des fers. Certains avaient des oreilles arrachées, le nez fendu, des orbites vides, ou encore la main tranchée au niveau du poignet, cicatrices qui leur venaient autant du bourreau que du champ de bataille. La plupart étaient à demi-nu, mais leurs vêtements étaient de qualité: gilets tissés d’or, ceintures en satin et braies en soie plus ou moins dépenaillés et maculés de sang le disputaient aux pièces d’armures serties d’argent. Des pierres précieuses scintillaient dans les anneaux qui perçaient leurs narines et leurs oreilles, ou encore sur le pommeau de leurs dagues.”